Édito 2023

Tricheries 

Le procédé cinématographique est basé sur une illusion. Le.a spectateur.rice prend pour un mouvement ce qui ne résulte finalement que d'une supercherie. 

En écrivant cet édito nous avons succombé à l'envie de tricher en demandant à une intelligence artificielle (IA) de nous écrire l'éditorial du FIFIB 2023.

Voilà que l'IA plonge dans l'abîme et nous apprend que 

"Le thème de cette année, Cinéma et Réalité, invite les cinéphiles à explorer la frontière entre le réel et l'imaginaire, à réfléchir sur le pouvoir du cinéma pour refléter et remettre en question notre perception du monde qui nous entoure. Bienvenue dans le monde du cinéma indépendant, un monde où la créativité n'a pas de limites, où chaque histoire compte, où la réalité se confond avec le rêve." 

Waouh ! Trop forte ! On en aurait le vertige.

Était-elle présente dans la salle (assise sur le fauteuil rouge derrière nous) pour découvrir La Bête de Bertrand Bonello ? A-t-elle partagé secrètement les questionnements du cinéaste iranien Mehran Tamadon lorsqu'il réalisait Mon pire ennemi

Cette IA est véritablement une meilleure version de nous-même, capable d'une clairvoyance et d'une autodérision supérieures à notre orgueil de programmateur.rice.s de festival.

Il manque pourtant quelque chose à cet édito, quelque chose d'impalpable entre le réel et l'imaginaire. 

Le courage.

Où se situe le courage si le réel et le rêve se confondent? Demandons à l'IA si elle est courageuse: "Serais-tu capable de te mettre en danger et d'être là où on ne t'attend pas ?". Voici sa réponse :

"Non, je ne suis qu'un programme informatique. Je n'ai pas de conscience, d'émotions ni de capacité à agir de manière autonome."

Pardon de t'avoir vexée mais nous y voyons plus clair maintenant. 

En tant que festival autonome et émotif, notre projet est de mettre en lumière le courage des réalisateur.rice.s qui exposent leurs terreurs les plus intimes et leurs combats les plus politiques.

L'IA n'a pas peur, les spectateur.rice.s et les réalisateur.rice.s si.

Que cette édition soit un hommage à la peur, à l'audace, au courage du cinéma indépendant.

 

Johanna Caraire & Pauline Reiffers